Violence
Dans une incidence d'intimidation, la violence est utilisée afin de créer de la souffrance chez une
personne ciblée. Cette violence peut s'exprimer de façon verbale, physique, sociale, matérielle,
sexuelle, économique, etc. Puisqu'elle crée de la souffrance, la violence revêt toujours une
composante psychologique, comme elle est susceptible d'affecter psychologiquement les
personnes qui en sont témoins, les personnes ciblées et même celles qui intimident.
La violence peut être motivée par un désir de prendre le contrôle sur autrui ou une situation et
peut ne pas être dirigée vers une personne. Il est question de violence matérielle lorsque l'objet
est utilisé pour victimiser la personne.
La violence, bien qu'elle soit un moyen de gestion des émotions inadapté, peut être utilisée par
une personne pour exprimer de la frustration, de la colère ou d'autres émotions fortes. Certains
comportements violents, tels les blagues dénigrantes ou discriminatoires, peuvent toutefois ne
pas être considérées comme des actes d'intimidation si le facteur « répétition » est absent. Il
s'agirait alors d'une agression.
Répétition
La répétition de la violence par des gestes, des paroles ou des attitudes est susceptible de créer un déséquilibre des pouvoirs entre les personnes qui la perpétuent et les personnes qui en sont la cible. La répétition peut se faire par un·e individu∙e ou peut être le résultat de violences perpétrées par plusieurs personnes à des moments différents sur une même personne cible. Le caractère répétitif permet de différencier une agression d'une situation d'intimidation. Une agression relève d'un événement isolé de violence, tandis que l'intimidation comprend la répétition d'agissements violents envers une cible à travers le temps. Dans le cas de la cyberintimidation, la répétition peut prendre la forme du nombre de partages d'une publication, du nombre de commentaires désobligeants ou moqueurs sur cette dernière, du nombre de personnes qui « aiment » la publication, etc.
Pouvoir
Le terme agentivité fait référence à la capacité d'agir des individu·es et à la possibilité de faire
des choix pour soi. Dans une situation d'intimidation, la cible ne choisit pas de vivre les violences
et les opportunités de s'en sortir soi-même peuvent être limitées ou inaccessibles à la personne.
De ce fait, les violences peuvent devenir si importantes pour la cible qu'elles peuvent mener à
son abandon de certaines sphères de vie, contre son gré. La personne qui intimide prend un
pouvoir sur sa cible en lui imposant des violences répétitives et en instaurant un climat de peur
entravant à sa capacité de faire des choix pour soi.
La prise de pouvoir sur la cible différencie une situation de conflit d'une situation d'intimidation.
Un conflit est un désaccord faisant vivre de fortes émotions, mais n'impliquant pas de
débalancement de pouvoir ni de perte d'agentivité chez les personnes concernées.
Dans une situation d'intimidation, la prise de pouvoir sur autrui, ou rapport de force, peut se
manifester par la différence de force physique entre une cible et une personne qui intimide, par le
nombre de personnes qui intimident un·e individu·e, par l'utilisation de la surprise, par la position
d'autorité occupée par la personne qui intimide, etc. Chez les enfants, le rapport de force peut se
manifester par le fait qu'un·e enfant demande à ses pairs de ne plus jouer ou parler à la cible
d'intimidation. Les conséquences de cette mise à l'écart comprennent l'isolement social, le repli
sur soi, un sentiment d'humiliation et l'intériorisation de messages dépréciateurs affectant l'estime
et la confiance en soi de la cible.