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Suite à la suspension de 11 enseignant·es à l’école Bedford visé·es par des allégations de climat toxique, il semble approprié d’évoquer les situations d’intimidation perpétuée par les adultes. L’intimidation en milieu scolaire est souvent abordée comme un enjeu principalement relié aux enfants fréquentant l’école. Bien que ces situations soient fréquentes et importantes à adresser, il ne faut pas oublier que le milieu scolaire est un environnement à risque d’intimidation autant pour les adultes que les enfants. Cela peut se traduire par des comportements de harcèlement de la part des parents, des élèves ou des collègues envers les enseignant·es. L’enseignement est l’un des « trois métiers les plus touchés par la violence en milieu de travail [...]le harcèlement touche les trois quarts des enseignantes et enseignants ». Considérant que les enfants apprennent énormément en suivant l’exemple, il est pertinent de se pencher sur les violences vécues et perpétrées par les adultes de leur quotidien. Dans cet article de blogue, il sera question des deux côtés de la médaille: L’intimidation perpétuée par les parents et les enseignant·es.

 

 

Harcèlement et cyberharcèlement des enseignant·es

La très grande majorité des parents veulent le meilleur pour leurs enfants. Le bien-être et le succès de leur progéniture leur tiennent énormément à cœur. Ils·elles·iels sont personnellement et émotionnellement investi·es dans le parcours scolaire de leurs enfants.

 

La situation devient problématique lorsque les frictions avec le corps enseignant se communiquent avec violence. Les désaccords sur les performances académiques, les comportements observés et les solutions sélectionnées peuvent envenimer les échanges et, dans certains cas, mener à de la violence et même glisser vers du harcèlement. Effectivement, selon une étude menée au Québec, les parents sont responsables de 40,9% du cyberharcèlement vécu par les enseignant·es (Villeneuve et Bisaillon, 2021). Il arrive fréquemment que l’équipe-école se fasse critiquer, mais la frustration mène parfois vers l’injure et la menace. Les formes les plus courantes d'agression parentale envers les enseignant·es sont les menaces verbales, un ton de voix inadéquat, le cyberharcèlement, les accusations injustes, les injures et le harcèlement par appels téléphoniques.

 

Pour certain·es, l’école est perçue comme prestataire de service qui doit se plier aux désirs et aux besoins des parents. Les plans de voyage, la perception d’un enfant sans faute et les plans académiques ont préséance sur ce qu’un·e enseignant·e pourrait avoir à dire au sujet de l’enfant. Ainsi, lorsque des situations perçues comme problématiques émergent (trop d’absences ou de retard, de mauvais résultats scolaires, des comportements inadéquats, un enfant qui doit redoubler, etc.) ces parents peuvent devenir confrontant ou mêmes violents avec l’équipe-école. En se permettant de réagir avec violence face aux désaccords, les parents montrent l’exemple à leurs enfants. Affirmant ainsi, non seulement qu’il est justifié d’utiliser ces méthodes pour arriver à ses fins tout en dénigrant l’autorité des adultes responsables de la sécurité de leurs enfants.

 

Ce déni de l’autorité du corps enseignant par les parents amène parfois les élèves à se permettre de se venger/moquer ou effrayer la figure d’autorité à laquelle ils·elles·iels sont confronté·es au quotidien. En ce sens, 36,2% du cyberharcèlement vécu par les enseignant·es est perpétré par les élèves (Villeneuve et Bisaillon, 2021). Les violences ne sont certainement pas circonscrites au cyberespace, mais l’anonymat et la distance qu’il offre sont facilitants.

 

Le premier outil pour prévenir l’intimidation c’est de s’assurer de montrer l’exemple. Montrer aux enfants ce qu’on s’attend d’eux·elles·elleux. Il faut faire attention à ne pas tomber dans l’hypocrisie en demandant aux élèves un niveau de bienveillance et de maturité émotionnelle que nous ne sommes pas nous-mêmes  capables d’atteindre.

 

 

Les enseignant·es inadéquat·es

Évidemment, les comportements violents et intimidants ne sont pas le propre des enfants et de leurs parents. Comme toute personne, les enseignant·es perpétuent parfois des comportements violents.

 

Les enseignant·es sont responsables de la sécurité, du bien-être et du développement de dizaines d’enfants et, comme tout le monde, il leur arrive de faillir à la tâche, de laisser leurs émotions prendre le dessus, de hausser le ton, d’humilier, d’ignorer, de narguer des élèves. Effectivement, 45% des enseignant·es ayant participé à une étude sur l’intimidation en milieu scolaire avouent avoir déjà eu des comportements d’intimidation à l’égard de leurs élèves. Puisque les enseignant·es sont en position d’autorité, leurs comportements de violence (aussi « petits » soient-ils) affectent grandement les enfants qui les subissent et doivent cesser le plus rapidement possible pour protéger tout le monde des effets de la violence. Fréquemment, ce sont les comportements plus insidieux qui passent sous le radar.

 

En tant que parent, il est donc important de s’intéresser à la journée de son enfant pour être en mesure de repérer des situations inhabituelles ou problématiques et de réagir efficacement en rencontrant l’enseignant·e et/ou la direction, pour parler de la situation. Il est important de rassurer son enfant que la situation est prise en main et que nous ne tolérons pas ces gestes.

 

De plus, le corps enseignant est le principal vecteur de prévention. Donc, si vous êtes témoins d’une intervention qui vous semble inappropriée de la part d’un·e collègue de travail, je vous invite à ouvrir la discussion avec votre collègue ou encore avec votre équipe de soutien afin de mieux comprendre la situation et chercher des pistes de solution pour éviter que ça se reproduise. L’erreur est humaine, heureusement l’amélioration aussi. Parfois, tout ce qu’il faut c’est un petit coup de main.  

 

 

Conclusion

Trouver une façon d’établir et maintenir des environnements bienveillants est une tâche ardue pour laquelle nous n’avons pas encore trouvé de solution absolue. La première méthode de prévention sur laquelle nous avons le plus de pouvoir c’est notre propre comportement. Les enfants apprennent en nous observant au quotidien. La violence a des effets sur toutes les personnes concernées en plus d’affecter la qualité de l’éducation reçue. Assurons-nous de travailler sur notre régulation émotionnelle et notre empathie afin de montrer l’exemple dans toutes les sphères de notre vie. Ainsi, nous pourrons nous offrir, à nous et aux enfants qui nous entourent, un milieu de vie bienveillant.

 

 

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